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Andrea Liss

Demandez à Andrea - Identité volée

Vous êtes à la recherche de certains conseil pour votre couple? Peut-être avez-vous des questions sur l'éducation des enfants en Europe? Demandez à Andrea! Notre travailleuse sociale, Andrea Liss, choisira une question par mois et y répondra dans notre bulletin de la mi-mois. Vous pouvez nous soumettre vos questions de manière anonyme à l'adresse https://bit.ly/MFSEAndreaSFME.


Chère Andrea,


Pour les conjoints qui viennent en Europe et laissent leur carrière derrière eux (par choix bien sûr, mais tout de même difficile), que recommandez-vous pour les aider à "trouver" leur nouvelle identité? Merci!


- Identité volée


Chère Identité volée,


Merci de donner le coup d'envoi à cette chronique! Vous avez une EXCELLENTE question.


La décision des conjoints de s'embarquer pour une affectation en Europe est, je crois, très difficile à prendre. Une affectation en Europe est un événement de vie compliqué et nécessite de prendre de nombreuses décisions et de faire des choix en cours de route, caractérisés par l'incertitude. Dans votre cas, vous avez dû laisser derrière vous votre travail et vos collègues. Pour certains, le travail est une grande source de motivation et d'estime de soi. Pour le meilleur ou pour le pire, le travail est une source importante de ce qui constitue notre identité.


Il y a quelques mois à peine, vos amis, votre famille et vos collègues étaient tous verts de jalousie à propos de votre déménagement en Europe. Vous avez probablement entendu une version de "Comme c'est romantique! Quelle belle façon d'attendre la fin de la pandémie! Vous avez de la chance! Vous êtes fou! C'est une expérience unique dans une vie!" Tout cela avait l'air si génial. En même temps, au fond de vous, vous saviez que cette décision était énorme et qu'il était impossible de revenir en arrière.


Le HorsCAN a une réputation qui, à mon avis, est inexacte. L'histoire du HorsCAN est celle des voyages, des avantages sociaux, de la nourriture et du magasinage. J'espère que vous profitez de ces joies du HorsCAN. Mais le côté moins agréable de la réalité HorsCAN c'est que le fait d'être ici implique invariablement de ne pas avoir de points d'ancrage familiers. L'expérience du HorsCAN peut nous révéler notre dépendance à des ancres qui n'ont pas été examinées. En plus de cela, il y a des pertes qui peuvent s'additionner d'une manière que les autres ont du mal à comprendre à moins qu'ils n'aient eux aussi fait l'expérience d'un déménagement à l'étranger. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison que les Services aux familles des militaires en Europe proposent un nouveau cercle de soutien en ligne appelé Je suis HorsCAN - consultez le lien ici et venez nous retrouver!


Dans votre cas, Identité volée, vous n'avez plus de travail pour vous "identifier" et cela vous déstabilise. Astuce : nous allons vous aider à exploiter cette énergie. Lorsque nous sommes déstabilisés, afin de nous réorienter correctement, nous avons besoin de bien regarder ce que la vie signifie vraiment pour nous. Ces occasions ne nous sont pas données très souvent, il est donc important de considérer cette période de transition comme un cadeau inattendu. Mais nous en reparlerons plus tard.


Choix inconsidérés

Le "choix", comme vous l'avez dit, de déménager HorsCAN a nécessité que vous abandonniez votre carrière pour le moment et je pense que ce choix peut être qualifié de "choix sans choix". Pour ce déménagement, vous avez dû dire adieu à votre travail et à votre sentiment d'attachement en tant qu'identité. C'est beaucoup.


Un choix sans choix est un choix qui peut sembler être un choix en surface, alors qu'en réalité, quel autre choix avez-vous vraiment eu que de dire oui à une affectation militaire? C'est une énorme "demande" que, pour le bon fonctionnement du système militaire, un conjoint se retrouve à quitter son lieu de travail, et en même temps, c'est la réalité radicale de la vie militaire. La plupart des militaires savent au fond d'eux-mêmes qu'ils ne "demandent" pas vraiment à leur conjoint la permission de déménager, car ce n'est pas vraiment un choix.


Un facteur de protection important pour une relation est que vous et votre conjoint continuez à parler des hauts et des bas du HorsCAN. Les membres doivent savoir que la meilleure chose qu'ils puissent faire est d'écouter et de s'abstenir de donner des conseils, à moins qu'on ne le leur demande. Les membres et les conjoints doivent reconnaître à quel point les conjoints de militaires sont admirables. Ils doivent tous deux être sensibles à la profondeur de la perte que les conjoints éprouvent lorsqu'ils doivent prendre un congé sabbatique de leur vie professionnelle.


Le deuil privé de ses droits

De nombreux conjoints se sont peut-être fait dire ou ont eux-mêmes adhéré à l'idée que "vous saviez dans quoi vous vous engagiez". Tout d'abord, ce n'est pas vrai (comment pouvez-vous savoir ce que vous n'avez jamais vécu auparavant?) et ensuite, ça démontre un manque de compassion, car ça ne reconnaît pas la complexité, la tristesse et les pertes qui accompagnent inévitablement les bouleversements réguliers.


J'ai entendu pour la première fois le terme "deuil privé de droits" lors d'un atelier de formation du psychologue américain Robert Niemeyer. Il a donné l'exemple d'un client qui avait perdu son amant des suites d'un cancer. Comme la liaison était secrète, son client ne pouvait pas faire son deuil correctement. Pour guérir, le deuil a besoin de la médecine du lien social. L'incapacité d'exprimer son chagrin en raison de la stigmatisation rend le chagrin "privé de droits".

De la même façon, je pense que le chagrin associé à la vie HorsCAN est un chagrin secret. Je pense que les pertes associées aux déménagements militaires apportent une tristesse indicible, bien évidemment plus pour certains que pour d'autres. Parce que nous ne nous révélons pas les réalités moins flatteuses de notre expérience HorsCAN et ni aux autres, cela garde secrets les défis psychologiques liés au HorsCAN. L'hypothèse selon laquelle vous êtes censé tout aimer de votre expérience européenne n'est pas réaliste. En ajoutant que vous avez "choisi" cette expérience, le secret est encore plus profond. Personne ne veut savoir votre chagrin d'amour s'ils pensent que votre expérience devrait être incroyable et que vous l'avez choisie de votre propre gré. Au lieu de cela, Identité volée, ce que vous devez savoir, c'est que vivre HorsCAN signifie que vous avez entrepris un lourd projet de vie et que vous méritez donc le respect et l'admiration pour votre engagement, votre force, votre patience et votre persévérance.


Identité volée

Il y a quelques années, j'ai lu un article dans la section Mode du Globe and Mail qui m'a toujours marqué. Une créatrice de vêtements était interviewée sur la vie d'une Canadienne vivant en Europe. Elle expliquait que dans les situations sociales, comme lors d'une fête, les Nord-Américains se "présentent" aux autres en leur disant ce qu'ils "font" dans la vie. Lors d'un événement social, la conversation tourne inévitablement autour de la question "Et vous, que faites-vous dans la vie?" La styliste a trouvé intéressant de constater que c'est ainsi que les Nord-Américains se présentent aux autres, mais elle s'est empressée de souligner que c'est culturel. Elle a expliqué que c'était culturel, car elle a remarqué que cet échange n'avait pas lieu aussi souvent dans les situations sociales européennes. Ce qui me frappe dans votre question, Identité volée, c'est que dans notre culture, nous devons être quelqu'un et que cela est toujours lié au travail. Si vous avez des doutes à ce sujet, il suffit de penser à ce que vivent les parents lorsqu'ils quittent le marché du travail pour devenir mères ou pères (bravo à tous les parents - le travail le plus difficile qui soit). La perte d'identité vécue par les parents est profonde et endémique en Amérique du Nord. L'expérience de la perte d'identité est en grande partie régie par l'apprentissage culturel. Une question importante à laquelle il faut réfléchir, Identité volée, est de savoir dans quelle mesure vous voulez croire que vous êtes votre travail. Nous aurions tous intérêt à faire le point sur notre façon d'"être" plutôt que sur ce que nous "faisons". Comme le dit l'écrivain, humoriste et acteur anglais Quentin Crisp : "Demandez-vous, s'il n'y avait pas de blâmes ni d'éloges, qui je serais alors?"


Ce qu'il faut faire : tout d'abord, évaluez votre adaptation à votre affectation.

Les recherches indiquent qu'un déménagement à l'étranger est vécu comme un événement stressant à combustion lente. Dans le langage courant, les déménagements sont "traumatisants". Certaines tâches pratiques et psychologiques peuvent vous aider à sortir du stress de l'affectation. Ceux qui apprennent la langue de leur pays d'accueil, s'intègrent dans la culture (par exemple, en suivant des cours de danse) et se font adopter par un mentor culturel informel (par exemple, devenez ami avec votre professeur de danse qui peut vous emmener à des fêtes et à tous les repaires locaux) obtiennent les meilleurs résultats lors de leur déménagement. Pour vous, Identité volée, une première étape intelligente pour vous aider à gérer votre transition et votre deuil de carrière est de faire le point et de voir si vous devez améliorer votre expérience d'affectation.


Deuxième étape : plongez au cœur de ce qui est important pour vous dans la vie.

Qu'est-ce qui est important pour vous dans la vie? Dans les grands moments de transition personnelle, il est très important pour nous de nous reconnecter à nos valeurs et à nos intentions les plus profondes dans la vie. Nous devons nous tracer un chemin pour faire toutes les choses que nous aurions aimé faire personnellement ou professionnellement, mais que nous n'avons pas pu faire à cause de notre carrière. Consultez ce court article et l'inventaire des valeurs https://skillfulchange.org/differentiating-goals-intentions-and-values.


Troisième étape : revendiquez vos valeurs et exprimez-les jusqu'au bout.

Le temps supplémentaire disponible en raison du fait que vous ne travaillez pas pendant votre HorsCAN peut être une véritable occasion de faire une introspection pour réfléchir à ce qui compte vraiment pour vous. Puisque vous avez cette opportunité, demandez-vous "Que puis- je accomplir avant la fin de mon expérience HorsCAN? Quelle conclusion aimerais-je avancer sur la façon dont j'ai passé mon temps? Quelle est ma propre réalisation?"


L'une de mes clientes a entrepris d'approfondir son engagement à méditer régulièrement, en tant que pratique à long terme et durable. Elle a été capable de se connecter à sa valeur de persévérance et de se fixer l'intention de rester cohérente avec sa pratique. Elle a passé la majeure partie des deux ans à suivre des cours et à faire ses devoirs. Elle aborde son étude de la méditation comme un travail à temps plein, où chaque semaine elle a un programme qu'elle suit comme elle le faisait dans son travail de soignante. Elle commence sa journée de travail avec une tasse de thé, un cahier avec une liste de choses à faire. Elle étudie, pratique la méditation, prépare lentement le souper, s'occupe des communications avec sa famille et ses amis, médite à nouveau dans l'après-midi, fait de l'exercice et accomplit quelques tâches ménagères. Elle termine sa journée de travail par la prise de notes relatives à ses études. Elle établit son horaire comme une journée de travail, parce que s'en est une. Elle s'en écarte rarement, car elle revendique ce temps comme son "travail".


Un autre client suit des cours de langue et apprend à coudre. Il suit des cours en ligne gratuits via Coursera https://www.coursera.org/. Ses journées sont planifiées, prévisibles, et son souhait général d'acquérir des compétences est ambitieux.


Une troisième cliente, qui retournera l'année prochaine dans un domaine très technique, doit maintenir un niveau élevé de compétences en informatique. Elle reste donc en contact avec ses anciens collègues pour se tenir au courant des tendances et des formations disponibles. C'est notre propre coordonnatrice des programmes d'emploi, d'éducation et de formation, Joliane Laforce, qui lui a conseillé de le faire. Joliane recommande de revoir régulièrement les compétences techniques afin de rester à jour. Pour toute question concernant l'emploi, la formation et l'éducation, contactez Joliane à l'adresse suivante : mfse.employmenteducationtraining@cfmws.com


Enfin Identitée volée, je vous souhaite tout le succès possible dans votre aventure HorsCAN! Venez nous rencontrer à Je suis HorsCAN tous les lundis à 11 h et dites-nous comment ça se passe. Nous vous soutenons!


Si vous souhaitez poser une question pour la rubrique "Demandez à Andrea", veuillez envoyer votre question anonyme à https://bit.ly/MFSEAndreaSFME et Andrea fera de son mieux pour partager certaines de ses idées.


Andrea est titulaire d'une maîtrise en travail social. Elle est travailleuse sociale agréée et psychothérapeute agréée (Ontario) avec plus de 20 ans d'expérience. Elle est membre du corps professoral de l'Université McMaster, où elle enseigne dans le cadre du programme de maîtrise en psychothérapie.


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