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Anick Masse

Familles francophones et HorsCAN


Mon expérience en tant que francophone HorsCAN. Voici les questions que j’ai lancées à trois de mes amies francophones vivant au même endroit que moi, soit Riga en Lettonie.


1- Avez-vous hésité avant d’accepter cette affectation en Europe?

Pour Valérie, pas du tout. Pour elle, c’était l’expérience d’une vie. Ils avaient le souhait de faire un HorsCAN depuis longtemps. Quand l’occasion s’est enfin présentée, ils ont sauté dans l’aventure à pieds joints. Cette famille avec deux enfants et un chien a fait le saut et était prête à relever ce défi d’une vie!


Pour Karyne, elle avait toujours voulu visiter l’Europe, alors pouvoir y vivre était encore mieux. Comme elle dirait, un grand bonheur! Le seul endroit qu’elle avait visité avant cette grande aventure était Walt Disney World. Elle et son mari ont donc décidé de se lancer dans cette expérience hors de portée pour plusieurs!


Pour Joanie, c’était l’ultime cadeau. Après avoir passé tout le début de la carrière de militaire de son mari à Valcartier et malgré les difficultés liées à la COVID, ils ont saisi cette opportunité sans cligner des yeux. Cette famille avec 3 jeunes enfants avait la soif d’aventures.


2- Avez-vous trouvé votre communauté francophone dans votre pays hôte? Si oui, comment avez-vous fait et sinon, comment arrivez-vous à communiquer et à vous épanouir?


Pour Valérie, elle trouve que la communauté francophone est présente en moins grand nombre que la celle anglophone. Pour sa famille, c’était un élément connu et ils étaient prêts à utiliser l’anglais. Pour son conjoint et ses enfants comme ils sont bilingues, il n’y avait aucun problème. Pour sa part, elle est heureuse de se servir de cette expérience pour améliorer sa deuxième langue.


Pour Karyne, elle reconnaît que les francophones de la communauté canadienne sont en moins grand nombre à Riga, mais grâce aux grands efforts de son mari, elle a réussi à rencontrer des conjointes de militaires qui parlent sa langue, donc arrive à s’épanouir malgré tout. Ceci dit, elle a trouvé l’ajustement à cette nouvelle vie, très difficile dans les débuts, mais était déterminée à en faire une réussite!


Pour Joanie, concrètement, elle a eu la chance de rencontrer d’autres francophones et en a ainsi constitué son réseau. Elle se débrouille très bien en anglais, mais considère que ses liens d’amitié se sont faits naturellement avec des francophones. Son contexte de maman à la maison était différent de bien d’autres personnes, ce qui ne favorisait pas nécessairement sa disponibilité à rencontrer d’autres familles de militaires anglophones. Elle a tout de même partagé certains bons moments avec des familles anglophones de la communauté. Son aînée, qui fréquente une école internationale dont l’anglais est la langue première, a fait ses premiers pas vers le bilinguisme et a appris en un temps record, non seulement l’anglais, mais la langue du pays hôte, soit le letton. L’exposition à l’anglais pour ses deux plus jeunes, les font cheminer vers le bilinguisme également et pour elle, c’est d’une richesse inouïe.


3- Avez-vous suivi des cours de langues pour vous aider dans la langue du pays hôte ou des cours d’anglais?


Pour Valérie, elle aurait bien aimé, mais avec les restrictions sur les cours en présentiel imposées par la COVID, le cours d’anglais auquel elle s’était inscrite a été annulé. Elle a bien hâte de pouvoir reprendre cette activité. Avoir une deuxième langue est très enrichissant.


Pour Karyne, elle avait fait des cours d’anglais avec le logiciel Rosetta Stone et malheureusement, elle n’a pas vraiment aimé. La formule ne lui convient pas du tout. Elle considère que les cours en personne sont ce dont elle a besoin.


Pour Joanie, elle est inscrite en anglais avec les cours offerts par Rosetta Stone. Elle trouve, par contre, qu’il est difficile de voir ses progrès au fur et à mesure que le cours avance. Le letton n’est pas disponible dans les choix de langues. Elle considère que les affectations sont souvent un bon moment pour parfaire nos connaissances ou les élargir.


4- Trouvez-vous qu’il manque de services ou d’activités en français? Arrivez-vous à vous occuper?


Pour Valérie, elle ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de services en français. Elle pensait que la langue officielle pour les activités et les communications serait l’anglais. Elle est agréablement surprise de constater l’offre des services en français de même que l’effort déployé afin d’accommoder la communauté francophone.


Pour Karyne, elle trouve qu’il manque beaucoup de services et activités en français, surtout du fait qu’elle qui ne parle presque pas anglais. Elle se tient occupée en créant les opportunités de rencontres avec son réseau d’amies francophones autour d’elle et voyager avec son mari quand le temps le permet.


Pour Joanie, qui comprend très bien l’anglais, ce n’était pas une barrière, mais pour d’autres ça peut l’être et ainsi, elle trouve ça très bien que ce soit possible d’obtenir la majorité des services dans les deux langues. Bien qu’elle n’a pas participé à beaucoup d’activités offertes pour les francophones, elle considère que la possibilité d’y participer est un grand avantage. En général, elle trouve qu’il y a beaucoup de soutien de disponible pour les familles, autant via les SFM que les activités organisées par les PSP et même les gens de la communauté militaire qui sont toujours prêts à aider les gens autour d’eux.


Quant aux points négatifs, bien qu’il y ait des activités et la possibilité d’obtenir des services en français, c’est certain qu’il y a plus de choix en anglais, autant des activités que des services. D’ailleurs, les discussions dans les activités sont généralement faites en anglais. Ça peut être difficile pour quelqu’un qui ne parle pas cette langue. De plus, dans le pays, que ce soit pour des activités, pour des achats, pour des voyages, c’est certain que si une personne ne parle pas anglais ou comprend peu, ça peut être beaucoup plus difficile d’apprécier son expérience. Elle se considère chanceuse qu’il y avait plusieurs francophones canadiens lorsqu’elle est arrivée à Riga, mais ce n’est peut-être pas toujours comme ça et donc, quelqu’un qui parle uniquement français peut rencontrer des difficultés d’adaptation en ce sens. En somme, le bilinguisme est la clé à son avis pour apprécier pleinement l’expérience HorsCAN. Si c’est un problème, elle recommande donc aux personnes accompagnant les militaires d’apprendre l’anglais et ainsi d’en faire un projet.


5- Allez-y avec votre cœur et racontez un peu si vous aviez une autre affectation où le français n’est pas la langue première ou n’est même pas présent dans le pays hôte, si vous accepteriez encore.


Pour Valérie, elle considère que l’anglais occupe une place très importante dans le monde. Comme c’est la langue officielle pour le commerce et la communication internationale, ils ont fait le choix d’envoyer leurs enfants dans une école anglophone. Pour sa part, elle doit encore travailler à perfectionner cette langue seconde, mais elle ne considère pas ce défi comme une limite à une aventure aussi enrichissante que les affectations HorsCAN. Elle referait ce choix sans hésiter même si personne ne parlait français dans le pays hôte. Ceci étant dit, avoir la chance de trouver des gens avec qui s’exprimer dans notre langue maternelle nous fais sentir bien, compris et un peu plus

comme à la maison.


Pour Karyne, elle accepterait de le refaire, mais seulement dans un pays européen. La raison en est simple, elle adore le style de vie, la culture et l’architecture. Malgré la barrière linguistique, elle se sent chez elle beaucoup plus que n’importe où ailleurs dans le monde, à l’exception évidemment du Québec.


Pour Joanie, à la lumière de son expérience, elle n’hésiterait pas à refaire un HorsCAN. Si l’opportunité se présente à nouveau dans le futur, c’est certain qu’ils sauteront sur l’occasion. Elle recommande à tous ceux qui désirent vivre de nouvelles expériences, qui ont la soif d’aventures, qui aiment voyager, qui aiment rencontrer de nouvelles personnes et qui ont de bonnes capacités d’adaptation à se donner la chance d’essayer. Un élément à prendre en considération pour les conjoints qui accompagnent un militaire est qu’il est difficile de travailler dans plusieurs pays hôte. Elle croit que ça demande une certaine adaptation pour le conjoint qui se retrouve sans emploi et elle connaît certaines personnes, pour qui cette nouvelle réalité a été très difficile. Elle recommande donc toujours aux gens d’avoir des projets. Penser à développer davantage de passe-temps, d’apprendre une nouvelle langue, de consacrer son temps à la planification de voyages, à la réorientation professionnelle ou tout simplement de développer de nouvelles compétences. Il y a aussi la possibilité de faire du bénévolat dans le milieu, de s’impliquer auprès de la communauté militaire, etc. Elle ajouterait que la distance avec les proches (familles et amis) du Canada peut être un défi pour plusieurs et donc, les personnes qui désirent faire un HorsCAN doivent en être conscientes et vraiment réfléchir s’ils sont prêts à tout quitter et vivre dans un autre pays.


Pour ma part, Riga est notre deuxième affectation HorsCAN et premier endroit que nous habitons et ne parlons pas la langue du pays. L’anglais n’est pas parlé par tous les Lettons et au début ça crée un stress, qui se dissipe graduellement. L’un des points que j’aurais trouvé difficiles si je ne parlais pas anglais serait les rendez-vous médicaux. J’ai trouvé un médecin de famille qui parle non seulement anglais, mais français également. C’est en jasant avec elle que je l’ai appris. Il y a de belles surprises parfois! L’autre point aurait été, l’école si vous avez des enfants. Riga a par contre, une école dont la langue première est le français. Pour le reste, avec les moteurs de traductions sur nos portables, on arrive à bien de débrouiller aujourd’hui. Le fait d’avoir confiance en soi et de s’entourer des bonnes personnes aide grandement. La clé, pour moi, est la planification. Il était hors de question de refuser cette chance en or, de vivre un choc culturel et de voyager l’Europe. Notre garçon a pu rencontrer des jeunes de diverses cultures et pour moi, ça n’a pas de prix. Il a créé des liens incroyables et a développé, une fois de plus, ses capacités d’adaptation. Le rythme de vie est tellement plus agréable qu’à plusieurs endroits au Canada, les pays européens sont tellement à proximité les uns des autres, que ça nous permet de faire de belles escapades de fin de semaine, ce que nous ne pouvions pas faire dans notre pays. La communauté canadienne à Riga est assez grande, et donc, nous ne nous sentons pas seuls et pouvons compter sur elle en cas de besoin. Si c’était à refaire, je le ferais à nouveau sans hésiter. Sans cette expérience, je n’aurais pas connu ces amies formidables!


Merci mes amies!

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