Je m'appelle Jenna Hall. Nous sommes affectés à Brunssum, aux Pays-Bas. Je me sens très chanceuse de pouvoir écrire cet article sur l'incroyable opportunité offerte à notre famille de faire l'expérience de vie en Europe. Ayant passé la majeure partie de ma vie dans la petite ville de Smithers, en Colombie-Britannique et dans la ‘’grande ville’’ d’Edmonton, en Alberta, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, malgré le fait que ma ville natale compte une importante communauté néerlandaise. Des moulins à vent et des sabots de bois sont les seules images qui me venaient en tête!
Lors de notre voyage de recherche de domicile, mon mari a bien ri de ma réaction face aux immenses éoliennes et aux énormes et rapides autoroutes. Et ce n'était que le début des nombreuses choses que je trouverais amusantes.
Notre affectation a connu des débuts difficiles, avec de nombreux incidents et une perte traumatique pour notre famille. Nous avons passé quarante-cinq jours dans des hôtels entre le Canada et les Pays-Bas, avec nos filles, ainsi que nos deux chiens boxer, Titan et Atlas. S'adapter à notre nouvelle vie s’est avéré pour le moins difficile, mais qui aurait cru que ça puisse se compliquer encore plus, quand, trois mois après notre arrivée aux Pays-Bas on allait apprendre que j’étais enceinte ?! Je dois admettre, puisque je ne connais que les cabinets d’un médecin civils, que visiter le MIR était différent. Le personnel a été super, mais j'ai quand-même trouvé ça assez étrange de discuter de ma grossesse avec un homme portant le même uniforme que mon mari. Même si notre affectation a été difficile au début, nous avons, malgré tout, optimisé notre temps ici et ça nous a rapprochés et renforcés en tant que famille. Ça nous a également permis de bien apprécier notre communauté militaire et notre beau pays, le Canada.
Comment était-ce d'avoir un bébé aux Pays-Bas? C'était phénoménal et un peu fou en même temps. Le système médical des Pays-Bas est très similaire à celui du Canada. L’hôpital dans lequel nous avons séjourné disposait du matériel médical de pointe auquel on s’attend, mais surtout, les médecins et infirmières étaient plus que disposés à parler anglais. Notre équipe médicale m'a traité comme si j’étais de la famille et son comportement à mon chevet était impeccable. Nous avons donné naissance au meilleur souvenir hollandais qu’une personne puisse souhaiter : notre troisième fille, Juno. Avoir trois filles aux Pays-Bas est apparemment une chose spéciale, car le roi des Pays-Bas en a également trois. Notre infirmière a dit à mon mari qu’il pouvait maintenant rejoindre le club secret des pères de trois filles de Sa Majesté. Ce doit être un club top secret car, à ce jour, je ne suis même pas sûre qu’il en soit membre ?! Je serai éternellement reconnaissante à ma tante qui a traversé l’étang J pour prendre soin de nos filles, nos chiens et notre maison pendant que nous étions à l’hôpital. Nos propriétaires et l'hôpital ont accueilli notre nouvelle petite fille en nous offrant des ‘’Beschuit met muisjes’’. Des quoi vous me dites ??? Ne perdez pas votre temps à essayer de traduire, car ce ne sont pas littéralement des biscottes avec des souris.
Il s’agit d’un morceau de pain grillé rond (de type Melba) garni de beurre et de petites graines d’anis enrobées de sucre (appelées souris). Les graines d'anis ont un goût similaire à celui de la réglisse noire et sont disponibles en bleu et blanc pour un garçon et en rose et blanc pour une fille. On pense que cette tradition néerlandaise unique a commencé au 17ème siècle. Les graines d’anis sont réputées pour contribuer à la production de lait maternel et les Néerlandais pensent aussi qu’elles confèrent une protection à la mère et au bébé contre les mauvais esprits. Lorsque nous sommes arrivés à la maison, nous avons également été accueillis par une grande cigogne en bois au milieu de notre cour, portant un bébé enveloppé dans une couverture rose sur laquelle était imprimé le nom de notre petite dernière. Aux Pays-Bas, il s'agit d'une façon courante d'annoncer la naissance de votre enfant à votre communauté.
Sur cette note, à quoi ressemble la vie dans une communauté néerlandaise : Après avoir vécu dans un quartier compressé d'Edmonton, nous avons décidé de vivre, cette fois-ci, dans le sud du Limbourg. Notre maison, située à moins de 1 km, était autrefois un moulin à huile et est plus âgée que le Canada. Il y règne une sensation magique de conte de fées avec des finitions modernes à l'intérieur et de magnifiques poutres apparentes. Chaque jour, nous sommes reconnaissants envers nos incroyables propriétaires, qui ont fait des pieds et des mains pour que l’on s’y sente chez-nous. Nos voisins comprennent des vaches, une centaine d'espèces d'oiseaux différentes dont un faucon majestueux ainsi que Stella et Penelope (les moutons de nos propriétaires) que nous avons adoptées comme animaux de compagnie spéciaux. Un matin, les filles et moi étions très inquiètes car nos moutons étaient introuvables. Après s'être inquiétées toute la journée qu’elles aient peut-être fait face à leur destin, nous avons demandé à leurs propriétaires où elles se trouvaient et avons heureusement découvert qu'elles étaient des moutons domestiques (pas élevées pour être mangées!) et qu’elles étaient simplement allées se faire tondre. Ouf, comment esquiver la balle dans une conversation difficile! Nous avons constaté que le village néerlandais était très intime et que la plupart des familles avaient leur maison depuis des générations. Ils sont polis, mais pas trop bavards, et la plupart de nos interactions se limitent à de courtes conversations lorsque nous promenons les chiens.
Avant de déménager ici, nous ne savions pas comment nous pourrions communiquer avec les Néerlandais en général, mais étonnamment, beaucoup de Néerlandais savent parler plusieurs langues. Lorsqu'on leur demande, ils disent souvent "mon anglais n'est pas très bon", mais nous pouvons parfaitement les comprendre et nous sommes simplement reconnaissants de ne pas avoir à massacrer leur langue! Nous avons trouvé la plus jeune génération, spécialement, très agréable et très à la mode. Heureusement, puisqu’il est plutôt difficile de s’intégrer dans les communautés néerlandaises, nous nous situons à distance facile en voiture du Centre de services aux familles des militaires (SFME) de Niederheid, en Allemagne. Nos filles participent à un programme extraordinaire pour les tout-petits et leurs parents au centre des SFM(E), où je passe de bons moments à fraterniser avec les membres du personnel, qui, en passant, (et je crois que nous tous, affectés ici, seront d’accord à le dire) sont des plus accueillants et aidants. Nous avons tellement de chance de les avoir! De plus, je dirige aussi un groupe de jeu hebdomadaire pour mamans et tout-petits au travail de mon époux. Les deux groupes donnent à mes filles une belle opportunité de jouer avec des enfants de plusieurs nationalités, ce qui, à mon avis, est une expérience formidable pour elles. Ça me permet aussi de profiter de la compagnie d’autres mamans et j’ai vraiment appris que peu importe d’où nous venons, nous les mamans militaires, sommes toutes dans le même bateau et vivons beaucoup de choses semblables. Notre fille aînée fréquente une école internationale à Brunssum. L'école est un établissement d'enseignement de première classe et l’éducation culturelle ainsi que l’expérience de vie qu’elle a vécue n'a pas de prix.
Comment sont les vacances hollandaises? Le 5 décembre est reconnu comme le jour le plus important pour les enfants aux Pays-Bas. Les enfants attendent l'arrivée de Sinterklaas et de son assistant Zwarte Piete (Black Pete). Au lieu de mettre en place un arbre de Noël pour les cadeaux, les enfants placent un soulier au pied du foyer ou de la fenêtre. Comme le père Noël, Sinterklaas tient un livre de Noël, mais Sinterklaas ne pardonne pas aussi bien que le père Noël, car il ne laisse pas de charbon pour les enfants vilains, plutôt, il ordonne à Black Pete de placer les enfants dans un sac et les amener en Espagne pour un an pour apprendre à bien se comporter! Les bons enfants reçoivent des friandises et des petits jouets; la friandise commune est une lettre en chocolat représentant la première lettre du nom de l'enfant. Il y a beaucoup plus d’histoires intéressantes sur Sinterklaas à trouver sur internet et il n’est pas célébré seulement qu’aux Pays-Bas. Alors nos enfants s’amusent beaucoup de célébrer deux fêtes de Noël, l’une avec ce père Noël hollandais au look royal et l’autre avec notre père Noël traditionnel à la barbe blanche, gai et joyeux. Nous avons réalisé que les Néerlandais savent vraiment comment organiser une fête. Les feux d'artifice ne sont habituellement pas légaux aux Pays-Bas, mais le jour du Nouvel An et quelques autres jours fériés, l'interdiction est levée; il est commun d’entendre alors une série de feux d’artifices pendant les 24 heures précédant le jour de fête, à peu près jusqu’à midi de ce jour de fête. Notre premier Nouvel An a été un peu accablant car c'est comme si on se retrouvait dans une zone de guerre, mais avec une musique rave forte et constante. Pendant le carnaval, qui commence six semaines avant le dimanche de Pâques, les différentes communautés des Pays-Bas ferment littéralement leurs portes et organisent une grande fête pendant trois jours. Ils se déguisent et c'est délirant! C'est une autre tradition néerlandaise qui mérite d'être recherchée. Nous avons de la chance d'avoir pu expérimenter ces fêtes et traditions néerlandaises mais j’ai aussi hâte de voir nos jeunes expérimenter l’Halloween de retour au Canada.
Un très gros défi pour moi de vivre aux Pays-Bas était de m'habituer à conduire ici. Maintenant que j’ai surmonté le blocage mental et l'intimidation, je trouve que conduire ici est un jeu d'enfant. Les Néerlandais prennent l’entretien et la conduite des véhicules très au sérieux. Ils conduisent efficacement et les ronds-points sont cent fois mieux que nos feux de signalisation. Aux Pays-Bas, faire du vélo est un mode de vie et il est courant de voir des groupes d’adolescents à bicyclette faire jouer de la musique comme s’ils conduisaient une voiture ensemble. Une autre chose étonnante chez les Néerlandais est leur attitude envers les chiens. Ils les traitent comme des gens et cela se voit, car il est très rare de voir un chien qui se conduit mal. Nous nous sommes assis dans de nombreux restaurants pour prendre un repas complet sans savoir qu'il y a un bébé poilu sous la table d’à côté. Souvent, j'ai regardé dans une poussette en m’attendant à y voir un joli bébé, pour être surprise par une tête de chien qui sort tout à coup de la poussette. Bon pour vous les Pays-Bas! Mais nous n’amènerons pas nos boxers super excitables avec nous pour aller souper. Je peux juste les imaginer sauter sur les tables et manger les repas tout le monde en essayant de leur lécher le visage.
L'un des avantages les plus agréables de notre affectation ici est la possibilité de voyager. Les Pays-Bas à eux seuls offrent de nombreux endroits intéressants à visiter, y compris notre favori (site du patrimoine de l'UNESCO), les moulins à vent de Kinderdijk. Il y a aussi beaucoup de belles villes, villages et plages à travers les PaysBas. Nous avons eu la chance d'assister à la Marche de libération de Knokke-Heist, qui fut une expérience incroyable. Situés au centre de l'Europe, de nombreuses grandes villes et monuments sont aussi facilement accessibles en voiture. Le programme de chalets (un programme de subvention de voyage pour les familles des FAC en Europe) est un excellent moyen de sortir et d’expérimenter le continent. Nous avons gagné le chalet de Madère au Portugal et ça a été toute une aventure. Nous avons aussi eu la chance de rejoindre Marc pour un voyage de travail à Naples, en Italie et, pendant ce séjour, avons eu le plaisir d'assister à une journée familiale des FAC à la plage avec des familles canadiennes exceptionnelles affectées là-bas. Nous avons eu l'honneur de prendre part à la cérémonie de remise de prix de l'OTAN et de voir mon mari recevoir le prix du Membre militaire de l'année, du Commandement allié Opérations de l’OTAN. Si vous vous trouvez dans cette région, visiter les ruines de Pompéi est un must absolu et je vous recommande vivement d’y passer une journée entière. Comme les Canadiens qui sont affectés ici, nous avons estimé qu’une visite de Vimy, des plages de Juno et de Dieppe était une nécessité et nous n’avons pas été déçus. Étant donné que mon conjoint entretient des liens éternels avec le PPCLI, étant Airborne et comme nous avons appelé notre fille Juno, ces lieux sacrés revêtent une importance particulière pour notre famille. Je ne peux pas expliquer le sentiment que l’on ressent lorsque l’on met les pieds sur les terres de Vimy, c’est tout simplement à couper le souffle. Ça nous donne un sentiment incroyable et une profonde et solennelle fierté pour nos Canadiens et Canadiennes décédés, ainsi que pour notre pays.
Malgré tous nos voyages et la formidable expérience de la vie aux Pays-Bas, le Canada me manque encore tous les jours. En faisant l'expérience de nombreux pays, cultures et personnes différentes, j'ai développé un nouveau niveau d'appréciation et de gratitude envers notre propre peuple, notre mode de vie et notre beau pays. J’ai hâte au jour où nous retournerons chez-nous pour explorer chaque pouce carré de notre merveilleux pays. Être ici et représenter le Canada m'a procuré un sentiment de fierté qui ne pourra jamais être remplacé. Les affectations HorsCAN peuvent être difficiles mais extrêmement gratifiantes et j'espère que plus de jeunes familles comme la nôtre bénéficieront de ce type d'opportunités dans l'avenir.