À l'approche d'une nouvelle saison d'affectation, notre cinquième déménagement en dix ans, nous nous préparons à revenir à Ottawa après une affectation HorsCAN à Londres, au Royaume-Uni. Je sens revenir le mélange familier d'émotions liées à une affectation : l'excitation de rentrer au Canada auprès de nos amis et de notre famille et de commencer une nouvelle aventure, une certaine appréhension face à la quantité de travail que nous aurons à faire pour exécuter le déménagement, un léger agacement à devoir traiter avec BGRS, et la tristesse de devoir quitter cette île que nous avons appris à aimer et de devoir dire au revoir aux merveilleux amis que nous nous sommes faits ici. Quatre années passées ici nous ont donné le temps nécessaire pour bien nous enraciner. Et c'est avec une véritable douceur amère que nous devons maintenant nous déraciner à nouveau.
Ce déménagement, après quatre ans au Royaume-Uni, est particulièrement lourd de conséquences, pas seulement parce que c'est la plus longue affectation que nous ayons connue ou parce que nous avons vraiment aimé la vie au Royaume-Uni; le déménagement est plus difficile cette année parce que nous le ferons en pleine pandémie. Au fur et à mesure que les inquiétudes et les hypothèses sur la façon dont nous allons nous en sortir s'accumulent, j'ai envie d'éprouver du ressentiment et de la colère parce que nous n'avons pas le choix et qu'on nous "oblige" à le faire! Comment nos enfants vont-ils s'en sortir en étant isolés pendant 14 jours (et surtout, comment mon mari et moi allons-nous survivre enfermés dans une chambre d'hôtel avec trois enfants)? Que se passera-t-il si nous devons recommencer notre quarantaine de 14 jours si l'un d'entre nous obtient un résultat positif au test COVID lors de notre retour? Nos meubles et effets personnels arriveront-ils à temps pour que nous puissions nous installer dans notre maison avant que les enfants commencent l'école en septembre et que je reprenne mon travail à plein temps? Il est facile de se perdre dans ce genre de réflexion et de ressentir le poids de la tâche écrasante qui nous attend.
Et pourtant, je sais que nous sommes assez forts et résilients pour y arriver. Lorsque nous sommes arrivés ici il y a quatre ans, le plus jeune de nos trois enfants n'avait que sept mois. Mon mari et moi avons chacun perdu un parent de façon inattendue au cours de nos six premiers mois ici. Nous n'avions aucun réseau de soutien, aucun ami et nous vivions dans une ville très animée où la vie semblait nous passer sous le nez. Mais nous avons surmonté cette épreuve, un jour à la fois, et nous sommes une famille plus forte grâce à cela. Mes enfants sont proches les uns des autres et sont vraiment les meilleurs amis du monde. Mon mari et moi avons appris à relever les défis avec force et en travaillant en équipe, et nous avons appris à nous pardonner à nous-mêmes et à pardonner l'autre lorsque nous ne sommes pas au mieux de notre forme. Nous rentrons chez nous plus forts et pleins d'expériences de vie qui ont fait de nous de meilleures personnes. Alors, même si le déménagement de cet été risque d'être difficile, il pourrait aussi être un autre défi qui nous fortifiera en nous montrant ce que nous pouvons faire lorsque nous y faisons face, étape par étape et un jour à la fois.
Par Roksana Cylupa